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CINETALK - Le Mans 66, des "Miles" de plaisir

Sorti le 13 novembre dernier, Le Mans 66 retrace l’édition des 24 Heures mancelles 1966, théâtre de l’affrontement entre les constructeurs Ferrari et Ford. Une histoire riche en rebondissements, avec Matt Damon dans la peau de Carroll Shelby et Christian Bale incarnant Ken Miles, un pilote passionné de mécanique.


Un circuit, la nuit, une vitesse folle. Ce sont les premiers plans du film Le Mans 66, réalisé par James Mangold, connu pour sortir une nouvelle histoire au cinéma tous les 2-3 ans. Et cette dernière est tout à fait réelle.


Le Mans 66, c’est d’abord l’histoire d’un affrontement féroce entre deux constructeurs automobiles mastodontes de l’époque : d’un côté l’Italien Enzo Ferrari, de l’autre, Henry Ford, deuxième du nom. Mais c’est aussi la vie de Ken Miles, pilote fou furieux de mécanique, incontrôlable, mais si bon au volant des bolides de l’époque. Christian Bale a été choisi pour l’incarner.


Mais qu’oppose Ferrari et Ford ? Dans les années 1960, la firme italienne, comme maintenant, produit peu de véhicules, mais bénéficie d’une aura toute particulière. L’Américain, lui, doit bientôt mettre la clé sous la porte s’il ne trouve pas une solution pour relancer ses ventes. Enzo Ferrari, le patriarche, ne veut pas racheter l’entreprise d’Henri Ford et a des mots sévères envers son homologue qu’il considère comme un « second » - avec des termes plus durs dans le film. C’est entre égo et vexations que s’ouvre la bataille sur le terrain du sport automobile.


Le duo Shelby-Miles s’impose (SPOILER)


Un officiel de Ford, qui n’est autre que Jon Bernthal (The Walking Dead, Fury) décide de s’approcher de Carroll Shelby, seul pilote américain vainqueur en 1959 des 24 Heures du Mans. Mais le Texan incarné par Matt Damon n’est pas près de piloter : il prend des médicaments pour son cœur et n’est pas apte à courir. Il glisse donc le nom de son ami Ken Miles, pilote officiel du Shelby/Cobra race team au début des années 1960.



Mais la route de Ken Miles, qui s’accroche à cette opportunité après que son garage a fermé, est bloqué par un chef des opérations de Ford (Leo Beebe) qui ne le trouve pas assez lisse. Miles, c’est le genre de mec a balancé une clé de 12 s’il est en colère. Finalement, les premiers tests de la Ford GT 40 s’avèrent concluants qu’à moitié, et Shelby parvient à imposer son pilote méticuleux et travailleur aux dirigeants américains.


Après quelques épreuves réussies à Daytona et Sebring, voilà enfin l’événement manceau les 18 et 19 juin 1966. Affluence : 350 000 spectateurs. Enzo Ferrari et Henri Ford sont en bonne place, la femme et le fils de Miles suivront la course depuis les Etats-Unis, retransmise à la télévision. D’ailleurs, les images d’archives sont présentes dans le film, mais trop peu. Commence alors l’affrontement tant attendu.


Déboires, victoire et désillusion pour Miles (SPOILER)


Pour rejoindre leurs autos garées en épi sur la ligne de départ, les pilotes doivent courir vers elles et s’élancer rapidement. Mais Miles n’arrive pas à claquer la porte et passe un tour une main sur le volant de sa Ford GT40 Mk II, une main sur la poignée, tout en évitant les premiers crashs. Du retard pour l’Américain qui essaie de rattraper le temps perdu, et effectue plusieurs relais avec son partenaire Denny Hulme, qu’on voit très peu (ou pas) dans le film.


Peu après, une des Ferrari est mêlé à un accident et Miles peut tout à fait revenir sur son adversaire Lorenzo Bandini, leader de la course, si et seulement si les disques de freins de sa Ford sont remplacés. Enzo Ferrari (Remo Girone, acteur italien), voyant la stratégie, signale cette tricherie aux commissaires, qui n’en est finalement pas une, rien ne l’interdit dans le règlement officiel.


Miles, qui garde le contrôle, enchaîne les meilleurs chronos quand il revient à hauteur de la Ferrari de Lorenzo Bandini. Et tout à coup, le moteur du bolide rouge rend l’âme, la Ford prend la tête des 24 Heures du Mans pour ne plus la quitter, et Miles file vers une victoire étincelante.


Jusqu’aux consignes d’équipe. Pour l’image de la marque, il lui est demandé juste avant son dernier relais d’attendre ses coéquipiers afin d’organiser une arrivée collective. Trois Ford dans la même image, avec Ferrari au tapis, ça n’a pas de prix. Suspens. Miles, qui a eu bien du mal à parvenir à cet achèvement inespéré, accepte dans un élan de lucidité, et l’arrivée est triomphale.

Ford remporte les 24 Heures du Mans, mais pas Miles. Alors que les Américaines ont franchi la ligne au même moment, c’est celle de l’équipage Bruce McLaren et Chris Amon qui remporte cette édition, simplement car ceux-ci se sont élancés de plus loin sur la grille.


La note : 15/20


La désillusion de Miles n’est pas le dernier des rebondissements de ce film haletant de 2h30, dont il ne faut pas perdre une miette pour comprendre les enjeux croisés de Ford et Miles. Deux mois après la course, le pilote teste sur le Riverside International Raceway la nouvelle Ford J destinée à remplacer la Mk II. Mais à grande vitesse, Miles perd le contrôle, la voiture se renverse, s’embrase, et le pilote meurt sous les yeux de son fils qui observe de loin un grand panache de fumée brûlant, emmenant son père loin de la folie des circuits.


Le Mans 66 semble respecter au plus près l’histoire vraie, cette aventure exceptionnelle entreprise par Miles pour sa carrière, par Ford pour redorer son blason, une aventure qui, étonnamment, n’avait jamais encore été retranscrite au cinéma. D’ailleurs, Ford gagnera encore quelques années consécutives les 24 Heures du Mans. Le montage du film est dynamique, Matt Damon et Christian Bale donnent vie à deux personnages peu connus du grand public, et les seconds rôles ont leur importance. Les scénaristes auraient arrangé la réalité concernant quelques scènes, mais que serait un film sans son côté romancé et créatif ? On aurait aimé davantage d’images d’archives pour agrémenter le montage, mais peut-être que leur utilisation devait coûter cher. Théorie peu évidente avec un budget élevé pour ce biopic : presque 100 millions de dollars.


Mais l’histoire en vaut son ticket de cinéma. Alors foncez dans les salles, sans oublier vous aussi de fermer la porte de votre citadine.



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